les suivra plus dans le même esprit. C’est l’intérêt prussien tout seul qu’il aura désormais en vue, non pas l’intérêt de sa caste. Sa méthode, son intelligence réaliste font sortir, du vieux fonds des idées particularistes et conservatrices, une politique nationale nouvelle.
Déjà, malgré son intransigeance, Bismarck avait fait entrevoir cette évolution dans les assemblées où il avait figuré depuis 1847. Elle se précisa à l’assemblée d’Olmütz. C’est là qu’au nom de la droite et du parti gouvernemental il eut la lourde tâche de défendre et d’expliquer la politique de Manteuffel, son échec, la soumission de la Prusse à l’Autriche dans la question des duchés et l’affaire de Hesse. Dans un discours qui ménageait à la fois le passé et l’avenir, Bismarck ne craignit pas de mettre sur le même pied l’honneur du pays et son intérêt. Le loyalisme envers son souverain, hautement proclamé, lui permettait d’affirmer qu’il n’y avait pas de honte pour la Prusse a remettre l’épée au fourreau du moment que son roi en avait ainsi décidé pour le bien public. Appuyé sur son légitimisme, Bismarck examinait librement les raisons qu’un État moderne peut avoir de faire une grande guerre. Et il prononçait ces paroles où le « chancelier de fer » est déjà tout entier :
L’unique base saine et salutaire pour un grand État, et c’est par là qu’il se distingue essentiellement d’un petit État, c’est l’égoïsme politique et non pas le goût romantique, — et il n’est pas digne d’un grand État de se battre pour une cause qui n’est pas inhérente à son propre intérêt…