dent eut les suites les plus graves. Toute la faculté le condamnait. Et nul médecin ne put expliquer, sinon par sa constitution extraordinaire, la chance qu’il eut de ne pas être emporté par une embolie fatale. En 1859 et 1860 il fut plus d’une fois approché par la mort. Que l’on imagine, si l’on s’amuse à ce jeu, le cours nouveau qu’auraient pris les choses en Europe, Bismarck ayant disparu.
Mais il fit front à la mort. Il résista à la défaveur royale et il sut remonter rapidement sur ses étriers.
Suspect à la cour, il y comptait pourtant quelques amis dévoués : Roon le premier et Edwin de Manteuffel. L’un, ministre de la guerre, l’autre, chef du cabinet militaire, étaient les Éminences grises du régent. Appartenant à la même génération que Bismarck, de la même formation d’esprit, ils savaient que Bismarck était nécessaire à cette grandeur prussienne qui devait être forgée par le fer et par le feu. Roon et Manteuffel agirent sur le prince par persuasion et par suggestion. Ils s’efforçaient d’effacer les mauvaises impressions, les souvenirs désagréables que Guillaume Ier avait gardés de leur ami. Leur plan était de faire donner le ministère des affaires étrangères à Bismarck. Alors ils pourraient agir en commun, réaliser cette politique prussienne que les hommes de leur âge distinguaient nettement. Mais c’était une rude tâche que de donner le pouvoir à Bismarck. L’opinion ne comprenait rien aux grands projets des hommes de cette génération. Libéraux, réactionnaires, se méfiaient également de Bismarck et de ses plans. Sa politique nouvelle, esquissée