Page:Bainville - Bismarck.djvu/65

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être enlevé ses habits civils ! Je comprends très bien, j’excuse même, du point de vue humain, que ces princes chassés, ou, comme on dit aujourd’hui, dépossédés, demandent l’appui des puissances étrangères contre la spoliation prussienne. Mais rien, du point de vue allemand, ne légitime leurs efforts et il faut souhaiter, dans l’intérêt de l’Allemagne, que leurs intrigues échouent.

Le point de vue allemand, l’intérêt de l’Allemagne, ce n’était, pour le prince de Hohenlohe, qu’un prétexte. Il s’en servit pour faire en Bavière le jeu de Bismarck et préparer une belle carrière allemande à l’héritier des souverains « dépossédés » de Hohenlohe, ex-électeurs du Saint-Empire. Vers le moment où Hohenlohe se voyait écarté du ministère bavarois, sa belle-sœur, la princesse Constantin de Hohenlohe (celle dont le mari était grand maître de la cour d’Autriche) portait sur lui ce jugement : « Dans mon beau-frère Clovis, écrivait-elle, j’ai toujours vu un caractère de transition. Par ses origines, il tenait profondément aux idées féodales des princes immédiats de l’Empire. En même temps, il avait l’intelligence vive et comme intuitive des aspirations libérales de notre temps. Il appartenait à sa souriante philosophie d’aplanir les difficultés et de concilier les contraires. » Le prince immédiat, nous l’avons vu, était toujours vivant chez le fils de ce dernier souverain régnant de Hohenlohe qui, ayant gagné à la bataille d’Austerlitz et à la paix de Presbourg d’être dépouillé de ses droits, s’enferma dès lors dans sa résidence et bouda également Napoléon, la Bavière, la Prusse,