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l’Autriche, et son siècle. La médiatisation explique tout Clovis de Hohenlohe, et même les idées libérales que lui attribuait sa belle-sœur.

Le libéralisme, au cours des années qui précédèrent 1870 et la fondation de l’Empire, fut, dans l’Allemagne du Sud, l’agent de l’unité et de la prussification. L’ambition de Hohenlohe lui indiquait que, pour parvenir, il fallait aller du côté prussien. Et c’est en se faisant libéral qu’il devenait possible, pour un Bavarois, de passer à la Prusse. L’adhésion du prince de Hohenlohe aux idées libérales n’alla pas plus loin. Dans son attitude anticléricale, dans sa lutte contre les jésuites, dans sa manifestation contre l’Infaillibilité, il ne faut voir que l’expression d’une nécessité de politique pratique et appliquée. Les Mémoires ne contiennent pas un atome de philosophie libérale. Les personnes, les cas, les situations et les relations comptaient seuls pour ce diplomate. Le mouvement d’opposition à l’Infaillibilité, qui prit un instant un caractère si grave en Allemagne, et auquel il collabora avec activité, ne fût pour lui qu’une occasion de diviser le parti catholique et particulariste de Bavière. Il se souciait bien des principes et des doctrines ! Quand l’unité sera faite et le particularisme réduit à l’impuissance, il ne songera plus à la théologie et abandonnera d’un cœur léger Doellinger et le Vieux Catholicisme, comme Bismarck, après s’être servi d’eux, les abandonna lui-même.

Le libéralisme fut, pour l’ambitieux et perspi-