plus forte », selon les propres expressions du chancelier, elle eût encore été capable de conclure les alliances les plus solides, et les plus décisives. Le danger auquel une coalition conservatrice et catholique exposait le prince de Bismarck ne lui venait pas que de l’extérieur. En Allemagne même, la « politique blanche » s’opposait à sa politique révolutionnaire. Il rencontrait les mêmes adversaires conservateurs et ultramontains au dedans qu’au dehors[1]. L’affaire Arnim fut une des manifestations de l’opposition redoutable qui, pendant six ou sept années, menaça son œuvre. Remarquons tout de suite qu’il n’en vint à bout qu’après le 16 mai et l’établissement définitif de la République en France.
Pendant les six premières années de l’unité allemande, Bismarck put se demander si la chance, qui l’avait servi jusque-là dans toutes les circonstances diplomatiques et militaires, n’allait pas l’abandonner, maintenant qu’il s’agissait de gouverner l’Empire. Une lutte d’un nouveau genre commença, dans laquelle il eut à craindre, plus d’une fois d’être désavoué par le souverain qui lui avait fait confiance. La question du pouvoir temporel, dans laquelle il
- ↑ Le duc de Broglie cite dans son livre sur la Mission de M. de Gontaut-Biron à Berlin ce curieux fragment d’un discours de Bismarck au Reichstag en 1875 : « On m’a reproché d’avoir employé en 1866 les déserteurs hongrois contre l’Autriche : c’est le droit de la guerre, et si nous nous trouvons un jour en guerre avec la France, dont le chef pourrait être alors Henri, comte de Chambord, nous, n’aurions rien à dire s’il formait une légion pontificale avec les Allemands de l’Allemagne du Sud poussés à la désertion par les évêques qui prêchent la désobéissance aux lois. » (La Mission de M. de Gontaut-Biron, p, 166.)