CHAPITRE VI
DE LA BARRICADE DE BAUDIN À LA GUERRE CONTRE LE TSARISME
par MM. Gallix et Guy, 1852.
J’AI si souvent entendu raconter le coup d’État et la mort de Baudin, que je vois la scène du vieux faubourg comme si j’y avais été. Mon père, enfant, était alors à l’institution Fontaine, d’où les élèves étaient conduits au lycée Charlemagne. Le 3 décembre 1851, en sortant du lycée pour rentrer à la pension, les collégiens virent des barricades dans la rue Saint-Antoine. Mon père et un camarade ne voulurent pas manquer un si beau spectacle. Quittant les rangs à l’insu du maître d’étude, ils se promenèrent en curieux à travers le faubourg. Ils passèrent près de la poignée de députés qui, Schœlcher en tête, protestaient vainement contre le césarisme et les prétoriens, et qui crurent leur dernière heure venue lorsque la troupe chargea à la baïonnette mais les voltigeurs, débonnaires, dispersèrent les représentants du peuple sans leur faire de mal.