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CHAPITRE XIV

LA RÉGENCE ET LOUIS XV


On a dit, dès le dix-huitième siècle, que la Régence avait été « pernicieuse à l’État ». Elle le fut, en effet, pour des raisons qui tenaient moins au caractère du Régent qu’à la nature des circonstances.

La grande affaire de la monarchie, c’était toujours d’assurer la succession au trône, et Louis XIV, avant de mourir, avait vu disparaître son fils, le Grand Dauphin, ses petits-fils, le duc de Bourgogne et le duc de Berry, tandis que le duc d’Anjou, roi d’Espagne, avait perdu ses droits. L’héritier était un jeune enfant qui, avant longtemps, n’aurait pas de descendance. Le premier prince du sang, régent naturel, c’était le duc d’Orléans contre lequel Louis XIV nourrissait de l’antipathie parce qu’il avait intrigué en Espagne contre Philippe V, et surtout à cause de la méfiance qu’inspiraient les membres de la famille royale en souvenir des anciennes séditions : il est à remarquer que Louis XV et Louis XVI, par un véritable système, écarteront les princes des emplois importants.

Louis XIV avait donc toutes sortes de raisons de ne pas aimer son neveu dont la réputation n’était pas bonne et qui passait pour un esprit frondeur, nous dirions aujourd’hui un esprit avancé. De plus, les rangs étaient très éclaircis dans la maison de France. Que la mort frappât encore aussi durement, il faudrait chercher, pour régner, de lointains collatéraux. De là l’idée qui vint à Louis XIV et qu’il mit à exécution en 1714 et en 1715, sans que personne osât protester, de renforcer sa famille. Les deux fils qu’il avait eus de Mme de Montespan, le duc du Maine et le comte de Toulouse, furent déclarés légitimes et aptes à succéder. Le Parlement enregistra