Régence, n’était pas assez forte pour combattre l’entraînement général.
On entra ainsi, en 1741, dans une guerre continentale dont le premier effet fut de nous détourner de la guerre maritime où, de concert avec l’Espagne, nous pouvions porter à l’Angleterre des coups sensibles qui l’auraient peut-être arrêtée dans sa poursuite de l’hégémonie, car, à sa grande déception, ses escadres insuffisamment organisées avaient subi de mortifiants échecs. Mais, en France, tout était à l’entreprise d’Allemagne que Fleury, du moins, s’efforça de limiter, préoccupé surtout que l’Angleterre n’entrât pas dans ce nouveau conflit, l’expérience de la succession d’Espagne ayant appris ce que coûtait une guerre de coalitions à laquelle l’Angleterre était mêlée.
Cependant on s’indignait de la prudence de Fleury. Elle semblait sénile. Les Français eurent l’illusion, habilement entretenue par Frédéric, qu’ils étaient les maîtres de l’Europe. Pendant la première année de leur campagne, tout réussit au maréchal de Belle-Isle, qui conduisit ses troupes jusque sous les murs de Vienne, remonta en Bohême et s’empara de Prague par une escalade hardie. En janvier 1742, notre allié l’électeur de Bavière fut élu empereur à Francfort et ce fut en France un cri de triomphe : enfin la couronne impériale était enlevée à la maison d’Autriche ! On se réjouissait au moment où la fragilité de ces succès allait apparaître. Marie-Thérèse n’avait pas plié devant les revers. Elle avait pour elle les plus guerriers de ses sujets, les Hongrois. Elle savait qu’elle pouvait compter sur l’Angleterre. Elle avait déjà négocié avec Frédéric, compagnon peu sûr pour la France et qui ne songeait qu’à tirer son épingle du jeu en consolidant ses profits. Trois semaines après le couronnement du nouvel empereur, la Bavière fut envahie par les Autrichiens : elle n’était plus qu’un poids mort pour nous. En même temps, les Anglais se préparaient à intervenir activement en faveur de l’Autriche, et le roi de Prusse, peu soucieux d’encourir leur inimitié, se hâta d’accepter le marché que lui offrait Marie-Thérèse, c’est-à-dire presque toute la Silésie pour prix de sa défection.
En vain Fleury avait-il conseillé la paix, dès le mois de janvier, après l’élection de Francfort. Il comprit aussitôt la gravité de la situation où nous mettait la trahison de la Prusse. Se