qui devait consommer la ruine du Second Empire). Polignac tomba et son projet avec lui. Ni lui, ni Chateaubriand n’avaient réussi à convaincre l’opinion publique qu’un Bourbon pût continuer la politique de Napoléon — celle de Waterloo et de Sedan. Cette incrédulité est aujourd’hui un des titres de la monarchie à l’estime et au regret des Français.
En même temps que Polignac, Charles X succombait. En même temps aussi disparurent les chances qui s’étaient offertes et que des esprits plus mûrs, plus sages, auraient mises à profit si tout n’eût été compromis par un coup de tête qui fut regretté trop tard.
Avec la Révolution de 1830 furent anéantis, en effet, les résultats de quinze années de politique patiente, prudente et sans faux pas. Le premier effet du renversement de Charles X fut de replacer la France dans la situation critique de 1814 et de 1815 : en face d’une France révolutionnaire, les puissances redoutèrent le recommencement de la guerre de propagande et de prosélytisme. Le pacte de Chaumont se reforma sur-le-champ. La France qui, la veille encore, participait à la Sainte-Alliance, fut mise à l’index par les souverains coalisés. L’alliance russe, si bien engagée, fut brisée pour n’être reprise que soixante ans plus tard, au moment où la Russie déclinait. Rien ne resta, ni des avantages acquis, ni des promesses encore plus belles. Après les journées de Juillet, tout fut à refaire pour rendre à la France non seulement sa place, mais une place en Europe. Un autre Bourbon, nouveau forçat de la couronne, devait pourtant se trouver pour reprendre la tâche et pour échouer à son tour devant les mêmes passions, les mêmes erreurs de la démocratie.
Le soir du 31 juillet 1830, lorsque la solution des orléanistes commençait à prévaloir, Cavaignac, un des chefs de la Révolution, posait à Louis-Philippe cette question préalable : « Quelle est votre opinion sur les traités de 1815 ? Ce n’est pas une révolution libérale, prenez-y garde, c’est une révolution nationale.