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CHAPITRE II

LES TRAITÉS DE WESTPHALIE :
L’ANARCHIE ALLEMANDE
ET LA SÉCURITÉ DE LA FRANCE GARANTIE.

On serait tenté quelquefois de croire que l’histoire de notre pays n’a pas été écrite par la même sorte d’hommes que ceux qui l’ont faite. Nos rois, nos ministres, nos grands diplomates seraient bien surpris s’ils pouvaient voir ce que leur œuvre et leurs intentions sont devenues dans l’esprit de la plupart de nos historiens, mieux doués pour composer des romans, des poésies lyriques ou soutenir des polémiques de parti que pour autre chose. Ce n’est pas que l’ancienne politique française ait manqué de larges vues d’ensemble ni même d’imagination, quoique certains écrivains l’aient jugée trop « terrienne ». La défense du sol, la protection et l’extension progressive du territoire national formaient effectivement le premier point du programme de la monarchie. Il a fallu de cruelles expériences pour que notre pays appréciât mieux une politique dont l’objet était de le mettre à l’abri de ces invasions que nous venons, depuis la Révolution, de subir pour la cinquième fois.

C’est à ce résultat que tendait la lutte contre la maison d’Autriche, lutte qui a rempli deux siècles de notre histoire et qui devait s’achever par un triomphe complet. Essentiellement, il s’agissait d’empêcher que les Habsbourg n’obtinssent ce que les