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Page:Bainville - Histoire de deux peuples.djvu/42

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LES TRAITÉS DE WESTPHALIE

que les factieux soient châtiés, les partis réduits au silence et que l’ascendant soit rendu à l’intérêt national. Anarchie correspondant à des périodes de décomposition et d’affaiblissement, dictature royale correspondant à des périodes de restauration intérieure et d’expansion extérieure : on peut dire que ce rythme règle toute notre histoire.

Les graves désordres qui marquèrent la minorité de Louis XIII devaient retentir de la manière la plus curieuse sur les affaires d’Allemagne.

En l’année 1620, alors que l’état de la France était fort troublé, que les intrigues faisaient rage, une vague de fond venue — comme il est arrivé si souvent dans notre histoire, comme il est arrivé en 1914 encore, — des confins de l’Europe centrale et de l’Europe orientale apportait la nécessité de faire face au péril extérieur. Elle était bien loin des lieux où s’agitaient tant de partis, de convoitises et d’ambitions, où nos protestants se disposaient à proclamer leur « république des réformés », cette Bohême qui tentait de reconquérir son indépendance et se révoltait contre l’Empereur. Il fallut pourtant s’occuper d’elle. La politique étrangère s’imposait à la France, venait la saisir au moment où les Français étaient beaucoup plus portés à se livrer à leurs disputes personnelles qu’à regarder de l’autre côté des frontières. L’affaire de la défenestration de Prague, qui ouvrit la guerre de Trente Ans, ressemble singulièrement, à cet égard et par les conséquences qu’elle a eues, à l’assassinat de Serajevo.

Les nationalistes tchèques d’alors, dont la tentative de libération se compliquait d’un mouvement religieux, avaient mis à leur tête l’Électeur Palatin et recevaient l’aide des princes réformés de l’Empire. Les affaires d’Allemagne se trouvaient engagées de nouveau et dans les mêmes conditions qu’au siècle précédent, au temps de la lutte contre Charles-Quint. Soulevés contre l’Empereur, les protestants allemands firent appel à leur allié naturel et traditionnel, le roi de France, protecteur des