Page:Bainville - Histoire de deux peuples.djvu/79

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de la société humaine… Tous doivent s’unir avec la reine et lui fournir les moyens d’éloigner d’eux un tel danger. Quant à elle, elle opposera sans crainte à l’ennemi commun toutes les forces que Dieu lui a confiées, et, de ce service rendu au bien général, elle ne demandera d’autre récompense que la réparation des dommages que ses États ont soufferts et ce qui sera nécessaire pour les garantir dans l’avenir contre de pareilles atteintes. » Langage que nous aurons encore entendu… C’était plus même que l’Europe qui était intéressée à briser la politique prussienne. Déjà c’était le monde entier. Le rapt de la Silésie eut les mêmes conséquences que l’agression contre la Belgique : le sang coula dans les parties de la planète les plus éloignées de la Prusse. C’est ce que Macaulay a montré dans une page fameuse :

« La question de la Silésie n’eût-elle concerné que Frédéric et Marie-Thérèse, la postérité ne pourrait pas s’empêcher de reconnaître que le roi de Prusse s’est rendu coupable d’une odieuse perfidie : mais c’est une condamnation plus sévère qu’elle se voit forcée de prononcer contre une politique qui devait avoir, et qui eut, en effet, de déplorables conséquences pour toutes les nations européennes… Qu’il retombe sur la tête de Frédéric, tout le sang versé dans cette guerre qui exerça pendant plusieurs années de si horribles ravages dans tous les pays du globe : le sang de la colonne de Fontenoy, le sang des braves montagnards massacrés à Culloden ! Son crime accabla des maux les plus affreux des contrées où le nom de la Prusse était complètement inconnu. Pour qu’il pût piller un voisin qu’il avait juré de défendre, des nègres se battirent entre eux sur la côte de Coromandel, et des Peaux-Rouges se scalpèrent sur les grands lacs de l’Amérique du Nord. » Ainsi nous aurons vu en 1914 les Japonais entrer en ligne sur la terre chinoise et des peuplades noires s’entr’égorger au cœur de l’Afrique.

Les mauvais résultats de la première guerre de Sept Ans ne manquèrent pas de frapper les esprits politiques. Il était clair que la France avait fait fausse route, travaillé contre elle-même