transformations ? Sur les points où la France a toujours dû chercher un contrepoids à la puissance germanique. Par définition, un contrepoids ne s’obtient pas du même côté que soi. Nous sommes conduits à le chercher de l’autre côté de l’Allemagne. Pendant la guerre, la coalition occidentale, toute formidable qu’elle était, n’a pu refouler l’invasion allemande qu’après de très longs efforts, et, en 1914, sans la diversion russe, il est probable que la digue de l’Ouest eût été emportée. Or, il sera prudent de considérer que l’Angleterre, placée en marge du monde européen et au fléau de la balance, conçoit l’équilibre moins absolument que nous et non pas seulement par rapport à l’Allemagne. Nous ne pourrons pas compter sur une alliance positive et formelle, qui lui répugnait déjà avant 1914 et dont la raison d’être ne lui apparaît plus depuis que les forces navales et maritimes allemandes sont brisées. D’ailleurs, l’expérience de la guerre a montré la médiocrité des moyens militaires que le Royaume-Uni peut mettre en œuvre pour résister à un premier choc. La combinaison franco-belge est la seule sur laquelle nous puissions, à l’Ouest, nous reposer avec certitude. La France et la Belgique ne se suffiront pas encore. Une combinaison anglo-franco-belge elle-même aurait besoin d’un renfort à l’Est. C’est d’ailleurs dans cette pensée que le roi Édouard VII, après avoir rapproché l’Angleterre de la France, avait encore opéré un rapprochement anglo-russe, quoi qu’il en coûtât aux
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CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PAIX
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