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Page:Bainville Les conséquences politiques de la paix 1920.djvu/103

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LE JEU DE TRENTE-DEUX CARTES

Anglais de mettre leurs mains dans la main de la Russie. Ce travail diplomatique, qui parais­sait devoir réussir de lui-même, avait exigé beaucoup de soins et de peines. Et la situation de l’Europe était simple et claire auprès de ce qu’elle est aujourd’hui. Pour trouver le concours sérieux, efficace, de peuples capables de prendre l’Allemagne à revers, nous aurons plus d’une expérience à faire. Et d’abord où nous adresser ? Qui voudra être le contrepoids ? Quel sera le contrepoids sérieux ?

À cet égard, on peut dire que notre politique, au cours des âges, a épuisé la série des com­binaisons possibles sans oublier la meilleure de toutes qui consistait à avoir, en Allemagne même, des auxiliaires contre la Maison d’Au­triche ou contre l’État prussien : cette solution idéale est exclue par le maintien de l’unité alle­mande. Pour plus de garantie, en dehors de ces précieuses alliances germaniques, la France a eu tour à tour l’alliance des royaumes scandinaves (durant la guerre de Trente ans), l’al­liance polonaise, l’alliance autrichienne, l’al­liance russe. Enfin, en 1916, et pour la première fois, nous avons porté les yeux encore plus loin et sollicité la Roumanie. Chacune de ces alliances, dont plusieurs se sont répétées à de longs intervalles, a eu son histoire. Aucune n’a été éternelle. C’est qu’elles répondaient à un certain état de l’Europe et qu’elles n’ont pas tenu seulement à notre volonté et à notre habi­leté diplomatiques, encore moins à l’affection