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LE JEU DE TRENTE-DEUX CARTES

incertitudes au sujet de quelques-uns, sans parler, bien entendu, de la fragilité de quelques autres dont l’existence pourrait être brève. Ces nouveaux États se sont détachés ou ils ont été détachés de l’empire russe et de l’empire austro­-hongrois. Ce sont, du nord au sud, la Finlande, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Tchéco-Slovaquie. Entre l’Autriche et la Hon­grie, il n’y a plus de lien et chacune compte pour une unité.

Tous ces États offrent un trait commun : ils sont dépourvus de frontières naturelles. Leurs limites sont à peu près, et tant bien que mal, celles de la nationalité dont ils portent le nom. Encore convient-il de faire de nombreuses ré­serves. La nationalité polonaise est diffuse, et surtout à l’est, du côté de la Russie ; il est extrêmement difficile de discerner où elle s’àrrête. La Tchéco-Slovaquie, comme nous l’avons déjà indiqué, est presque aussi bigarrée que l’ancien empire des Habsbourg, et l’élément national, l’élément tchèque proprement dit, ne domine pas autant qu’il faudrait. La Hongrie, à l’op­posé, se plaint de n’avoir pas son compte de Hongrois et annonce un « irrédentisme ». Quant à l’Autriche, sur le papier c’est un État, mais ce n’est plus que le résidu d’un État, auquel manquent les conditions non seulement de la durée, mais de la vie.

Qu’ils soient ressuscités ou qu’ils soient le reste de quelque chose de plus vaste, ces nouveaux venus ont une étendue et une population