Page:Bainville Les conséquences politiques de la paix 1920.djvu/108

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
100
CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PAIX

forces sont limitées. Les services que ces sortes d’alliances peuvent nous rendre en cas de conflit avec une grande puissance continentale sont aussi jugés par ce cas-là. On ne doit pas négli­ger non plus le fait qu’en reprenant la Bessara­bie, les Roumains savent qu’ils encourent l’antagonisme des Russes. Il y aura du moins de la méfiance entre eux. Sur ce point encore, quelle difficulté d’accorder les peuples comme nous voudrions qu’ils fussent accordés !

Résumons encore ce bref exposé. Plus d’Au­triche-Hongrie. Une Russie pour le moment barbare et hostile et dont l’avenir est inquiétant. Entre cette Russie et l’Allemagne, et depuis les bords de la Baltique jusqu’à ceux de la mer Noire un éparpillement de nations dont la plus nombreuse, la nation polonaise, est prise entre deux feux. Il n’existe plus sur le continent européen de grande puissance pour nous aider à établir un équilibre que la présence de la masse germanique rend nécessaire. Et cette masse est la seule qui soit homogène et orga­nisée au milieu d’une vaste décomposition : voilà ce qu’il est impossible de perdre de vue.

La statistique nous apprend que l’Europe de 1914 comptait vingt-six États. Il y en a, dans l’Europe de 1920, au moins trente-deux, chiffre qui n’est pas encore définitif, car il subsiste des