De cette conception générale se déduisent les deux conclusions pratiques suivantes : 1o la nécessité d’une entente avec le gouvernement bolchéviste, et 2o une action tendant à aggraver le conflit polono-tchèque au sujet de Teschen.
En ce qui concerne la situation intérieure de la Pologne, le plan allemand est bien simple. Il faut profiter de toutes les difficultés qui se posent devant les organisateurs d’un État nouveau : difficultés politiques, sociales et économiques. Il faut envenimer la lutte des partis, il faut soutenir la hausse des prix, encourage la lutte des classes et organiser la lutte des nationalités contre l’État polonais. Les juifs, les Lituaniens, les Ruthènes, les Allemands, voilà autant d’éléments propices pour une activité de la propagande allemande. Maintenant que les mystères de la propagande allemande ont été dévoilés en France, il est facile de s’imaginer ce que peuvent faire les agents allemands dans un pays qui possède une administration inexpérimentée et une situation économique extrêmement compliquée. La Pologne fourmille d’agents allemands qui ont une influence réelle et trop peu appréciée sur l’état intérieur de ce pays. Et enfin, il faut bien le dire, la politique allemande espère pouvoir jouer sur les erreurs traditionnelles de la politique polonaise ; elle espère pouvoir engager la Pologne dans les affaires ukraniennes et russes de telle façon qu’elle ait les mains liées dans la politique occidentale ; elle espère enfin que le romantisme polonais rompra l’équilibre qui, dans une politique rationnelle, doit subsister entre les moyens dont on dispose et les buts qu’on se propose.
La politique allemande escompte aussi la neutralité des Alliés, résultant de divergences de vue sur l’application du traité de Versailles. Pour gagner une neutralité bienveillante des Alliés, les Allemands agitent le spectre du bolchévisme et tâchent de faire admettre par les vain-