La politique allemande fait tout son possible pour démontrer que l’Allemagne seule est capable de sauver l’Europe du bolchévisme russe ; ils soutiennent donc en secret le gouvernement de Moscou et l’armée rouge contre les Polonais pour prouver par les faits que la Pologne est incapable de tenir tête aux soldats de Trotzky. D’autre part, ils démontrent qu’il faut donner à l’Allemagne la possibilité de développer son industrie et son agriculture pour vaincre le danger bolchéviste intérieur. Ils demandent donc les conditions nécessaires à la reconstitution de leur vie économique – l’allégement des charges imposées par les réparations, et le charbon de la Haute-Silésie. La propagande allemande est très habile à lancer dans le monde des formules qui servent ses intérêts. Pendant la guerre, c’était « une paix sans annexion ni indemnités », maintenant c’est « une Allemagne organisatrice de l’Est » et « la collaboration économique des vainqueurs et des vaincus ». Nous savons qu’un groupe important en Angleterre, dont M. Keynes est le porte-parole, a déjà été complètement acquis par le programme allemand ; si ces idées devaient être acceptées par la diplomatie alliée, l’Allemagne serait rétablie dans sa situation d’avant-guerre…
Les diplomates de la Wilhelmstrasse ont à présent une politique polonaise nette et bien définie, comme ils ont eu seuls une politique polonaise pendant la guerre, parce qu’ils considèrent le problème polonais comme étant le plus important pour l’avenir de l’Allemagne. Mais pour le résoudre sur la base des considérations ci-dessus indiquées, il faut que la Pologne subisse un désastre militaire. C’est à quoi a travaillé la politique allemande depuis des mois.
Quiconque a bien observé les événements a pu constater les faits suivants : 1o une préparation de l’offensive des armées bolchévistes contre la Pologne ; 2o des efforts pour présenter les Polonais comme des agresseurs et des impérialistes devant l’opinion européenne ; 3o des tentatives pour empêcher les Polonais de se procurer les armes et