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L’IMBROGLIO ADRIATIQUE

alliée de l’Autriche. Une situation semblable et seulement plus complexe lui suggère déjà l’idée d’entretenir de bons rapports avec le peuple allemand devenu son quasi-voisin. Et la Yougo-Slavie ? On peut imaginer qu’un rap­prochement de l’Italie et de l’Allemagne inti­miderait et neutraliserait cette héritière de l’ancienne Autriche, seulement plus faible qu’elle, et à qui une situation, qui est identique aussi, inspirerait les mêmes sentiments et suggérerait les mêmes idées. Pour se garantir elle-même, se sachant constituée à la fois aux dépens du peuple italien et aux dépens de la race germanique, ne serait-elle pas conduite à entrer dans leur système, moyennant la garantie mutuelle des frontières ? Elle pourrait même leur rendre des services, devenir leur poste avancé vers l’Orient. Un rapprochement en détermine d’autres et nous savons avec quelle facilité se tracent les « itinéraires forcés ». Ainsi se reformerait, en vertu des mêmes causes, le vieux syndicat triplicien : à défaut d’équilibre général, chaque pays cherche l’équilibre qu’il peut, et les « constellations de puissances », comme avant 1914, se reconstitueront par des besoins semblables. Ce que nous en disons est si peu une simple vue de l’esprit que, dans la période grave qui a précédé le sauvetage de Varsovie, en août 1920, le chef du gouvernement tchéco-slovaque, M. Tusar qui organisait une ligue des neutres contre la Pologne et, par conséquent, en faveur de l’Allemagne,