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CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PAIX

Aujourd’hui les nerfs du peuple italien sont malades. Ils n’ont pas résisté aux efforts de la guerre suivis des désillusions de la paix. Ce serait une erreur de croire qu’ils sont brisés pour toujours. L’Italie se remettra sans doute du grand trouble moral, social et politique dont elle souffre en ce moment-ci. Alors elle s’aper­cevra qu’elle compte 40 millions d’habitants et que les Alliés ont eu tort de la rendre plus forte, puisque c’était pour ne pas lui donner tout ce qu’elle demandait, pour avantager ses concurrents directs (la Grèce, la Yougo-Slavie), pour la mettre enfin dans une situation telle qu’elle sera conduite à rechercher les éléments de sa propre politique conformément à ses aspirations et à ses intérêts, et sans avoir égard aux amitiés d’un temps. Et elle dira toujours que ce n’est pas elle qui a commencé les infi­délités.

L’Italie est entrée dans une période de recueillement, de repliement sur elle-même, où elle n’entreprendra aucune grande action au dehors, où elle s’appliquera à rester en contact avec ses alliés de la guerre. Cependant elle établira ses comptes et elle mesurera ses ris­ques. Ses conquêtes, qu’elle a trouvées infé­rieures à ses espérances, il faudra les conserver. Elle cherchera des assurances. Pour garder le Brenner et Trieste contre l’éternelle descente des Germains, elle songera à la méthode par laquelle elle gardait autrefois la Vénétie. Pour ne pas avoir la guerre avec l’Autriche, elle était