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Page:Bainville Les conséquences politiques de la paix 1920.djvu/164

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CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PAIX

nisée, il semblait qu’une autre guerre allait succéder, plus atroce, pour achever de détruire ce qui restait de l’ancienne société : la guerre sociale, la guerre pour le pain. Il n’y avait pas eu de peur pendant la vraie guerre. Il y eut de la terreur dans les quelques mois qui l’ont suivie, et cette terreur a donné de mauvais conseils. Elle a fait désirer que l’Allemagne se consolidât pour résister à la contagion du bolchévisme. L’Allemagne a résisté. Elle s’est consolidée. Et c’est alors qu’a commencé sa résistance : nous ne nous en trouvons pas mieux.

La révolution allemande a été d’un type inconnu jusqu’à ce jour et elle n’a pas ressemblé à ce qu’elle devait être selon la prophétie de Henri Heine. Le système monarchique ayant été renversé dans les conditions que nous avons vues, non pas par conviction mais par opportunité, cette brusque décompression, jointe à l’effet démoralisant de la défaite, avait fini par soulever une révolution véritable et un sérieux commencement d’anarchie. On put se demander si les Allemands, habitués à être gouvernés, seraient capables de se gouverner eux-mêmes. Rétablir l’ordre fut une tâche difficile. Les moyens par lesquels l’Allemagne y a réussi ont attesté une méthode, une politique. La répression régulière et légale, celle de l’émeute des rues, fut accompagnée d’une répression extraordinaire, terroriste, qui visa les têtes et supprima les chefs. Un à un, Liebkrnecht, Rosa Luxembourg, Eisner, Haase furent assassinés.