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HYPOTHÈSES ET PROBABILITÉS

Çà et là, d’autres hommes d’action de l’extrême-gauche disparurent. Erzberger, considéré comme un élément dissolvant, reçut lui-même une balle qui l’avertit et découragea ses imitateurs. Ainsi l’Allemagne a réagi lentement mais sûrement. Le coup d’État de Kapp et de Lüttwitz, au mois de mars 1920, était maladroit et prématuré. L’échec n’a pas empêché les partis de droite de mener une campagne efficace et, trois mois plus tard, après les élections du 6 juin, de rentrer au gouvernement.

La monarchie des Hohenzollern a laissé l’Allemagne vaincue. Mais elle a laissé aussi un État, une administration, des cadres civils et militaires, des élites intellectuelles et industrielles, des traditions politiques, tout un capital grâce auquel l’Allemagne, pour commencer, est venue à bout de son anarchie intérieure. Si des rechutes restent possibles, la méthode qui a réussi à rétablir l’ordre est toujours bonne. Pour l’appliquer, le gouvernement dispose de moyens plus puissants qu’hier. Surtout l’esprit public s’est ressaisi. L’Allemagne n’a pas désespéré longtemps et le suicide d’un Ballin après le désastre, devant le port de Hambourg vide de ses vaisseaux, n’a été qu’un cas de pessimisme isolé. Il importe relativement peu, à cet égard, que l’Empire allemand retourne à la monarchie ou qu’il devienne, comme l’a appelé le président Ebert, « la plus grande République du monde après celle des États-Unis », s’il doit prendre la forme d’une