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HYPOTHÈSES ET PROBABILITÉS

le militaire aussi bien que le politique, avant la guerre et pendant la guerre, ne l’a pas amenée à douter d’elle-même, de ses capacités, de ses aptitudes, doute qui n’aurait pas manqué d’accabler un peuple doué d’esprit critique. La France a mis longtemps à se relever du coup que la défaite de 1870 avait porté à son moral et à sa confiance. Une longue timidité avait suivi le désastre. Rien de pareil ne s’observe chez les Allemands. L’expérience les a à peine instruits et on les sent prêts à recommencer leurs fautes, même leurs fautes militaires, dans la conviction que ce n’est pas leur intelligence qui les a trahis, mais les événements, et que, dans d’autres circonstances, ce qui n’a échoué que par hasard réussira.

Après un ébranlement aussi profond, la consolidation relativement rapide de l’Allemagne est un fait qui appelle l’attention la plus soutenue. L’Allemagne a paru à plusieurs reprises sombrer sans recours dans le chaos. L’unité qui avait survécu par miracle à la défaite semblait devoir se rompre par la guerre civile. Les sinistres prédictions qu’avaient prodiguées Bismarck et Bülow pour le cas où tomberait la monarchie fédératrice des Hohenzollern semblaient sur le point de se réaliser. Il n’est pas encore dit que Bismarck et Bülow n aient pas eu raison. De son temps, le premier chancelier\ de l’Empire estimait que l’unité allemande ne pouvait se passer du lien dynastique. Le quatrième chancelier, dont les observations