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CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PAIX

lement de trois grandes monarchies et par le principe de la démocratie universelle qui domine les traités de paix. Le chaos s’en est rapidement suivi et le vieux monde civilisé s’est vu tout près de la ruine. Alors la contre-révolution a commencé, et, si l’on s’en rapporte aux précédents, il n’est guère possible qu’elle n’affecte pas, un jour ou l’autre, la carte même de l’Europe.

L’instinct de conservation, ayant été le plus fort, s’exercera aussi dans le domaine de la politique générale. Les peuples et les gouvernements, après avoir restauré l’ordre à l’intérieur, seront poussés à chercher de la stabilité à l’extérieur et la confusion qui résulte d’une distribution arbitraire des États dans l’Europe centrale et orientale sera ressentie comme une anarchie internationale aussi malfaisante que l’autre et propre à engendrer l’autre. L’application intégrale du principe des nationalités est une expérience qui n’a pas donné des résultats favorables. En multipliant les États faibles et rivaux, elle a multiplié aussi la guerre civile et la guerre étrangère. Pour en finir avec ces deux fléaux, une réorganisation s’imposera. Après avoir restauré un ordre social beaucoup plus semblable à celui d’autrefois qu’on ne l’aurait cru, l’Europe tendra encore à revenir sur la création d’États qui ne sont pas viables ou qui seraient une cause de troubles incessants par leur impuissance à se défendre et à se gouverner eux-mêmes.