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HYPOTHÈSES ET PROBABILITÉS

Cependant les pays germaniques et leur périphérie, tout en aspirant à l’ordre, n’ont pas retrouvé une stabilité incontestable. Des crises leur sont encore réservées et peut-être des crises d’un genre nouveau. Nous avons vu les effets que serait capable de produire en Allemagne un état révolutionnaire prolongé ou aggravé. Selon toutes les apparences, cet état de révolution inguérissable favoriserait le séparatisme. Au point de vue territorial, au point de vue des groupements de pays et d’États, que produirait une réaction ?

Il ne serait guère concevable que la réaction, si elle l’emportait définitivement à Berlin, fût limitée à l’Allemagne. Il ne le serait pas davantage qu’elle le fût à l’ordre social. En dépit des troubles qui renaissent et qui renaîtront encore sur divers points du vieux monde, en dépit de la durée du bolchévisme russe, la révolution est en train de perdre la partie, et jamais elle ne l’avait eue si belle. L’ancienne société, que l’on avait crue détruite, a montré une force de résistance presque étonnante. En beaucoup d’endroits, en France surtout, c’est à peine si elle a été ébranlée. Nous venons d’assister à une lutte émouvante. La victoire finale est à peine douteuse. La réaction qui se laissait pressentir à l’aube de la période guerrière, en 1919 et 1913, a d’abord subi une éclipse par le triomphe des puissances libérales, par l’écrou-