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Page:Bainville Les conséquences politiques de la paix 1920.djvu/34

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CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PAIX

sauf la puissance politique, génératrice de toutes les autres. Il croit supprimer les moyens de nuire que l’Allemagne possédait en 1914. Il lui accorde le premier de ces moyens, celui qui doit lui permettre de reconstituer les autre, l’État, un État central, qui dispose des res­sources et des forces de 60 millions d’êtres humains et qui sera au service de leurs passions.

Le traité laisse ces ressources et ces forces aux mains d’un seul gouvernement, que Mül­ler et Bell représentaient avant-hier, sur lequel Hugo Stinnes pesait hier, dont la figure et le nom prochains nous sont inconnus, mais qui est toujours l’héritier de l’État prussien. Quant aux passions, passions nationales, passions humaines, instincts naturels et animaux du peuple allemand, le traité contient tout ce qu’il faut pour les surexciter.

La garantie qu’il se vante d’offrir, c’est le désarmement. Les auteurs de la paix ont raisonné ainsi : la possession d’une force militaire excessive a poussé l’Allemagne à la guerre et à la conquête. Une Allemagne qui n’aura plus le droit de conserver sous les drapeaux qu’une centaine de mille hommes, juste ce qu’il lui faudra pour maintenir l’ordre à l’intérieur, sera pacifique et inoffensive. « L’armée allemande, a dit M. Lloyd George, était la clef de voûte de la politique prussienne. Il fallait l’é­parpiller, la dissoudre, la désarmer, la mettre dans l’impossibilité de se rassembler de nou-