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CARACTÈRES DE LA PAIX

les auteur de la paix ne paraissent pas avoir pensé que, sur l’autre versant, il n’y avait rien et que le gros poids allemand ferait basculer leur Europe dans ce trou. Pour que les petits États suscités ou ressuscités à l’Est de l’Alle­magne pussent grandir, s’organiser, se déve­lopper, passer par les maladies et les crises de la croissance dans une sécurité relative, il ne fallait pas qu’une énorme Allemagne pesât sur eux. La politique des nationalités, encore plus que la politique d’équilibre, exigeait la dissociation de l’Allemagne. De petits États ne sont pas en sécurité auprès d’un seul resté grand.

Il semble que les auteurs de la paix aient cru qu’ils avaient réussi à concilier le principe des nationalités et celui de l’équilibre, puisque les peuples affranchis de l’Est sont chargés d’équi­librer la masse allemande. C’est un problème de mécanique résolu par une métaphore, celle de la « ceinture » ou de la « barrière ». De quoi l’Allemagne est-elle ceinte ? D’un chapelet de Serbies. Et encore !

Regardez toujours cette carte étrange. Met­tez-vous un instant à la place et dans la tête des hommes qui habitent ces États nouveaux. Pour eux, l’Allemagne ne peut être que menace ou attraction. Entre la soumission et la lutte, il n’y a pas de milieu. Pour la Pologne, aucun choix, c’est la lutte, et à mort. Mais l’État tchéco-slovaque ? Loin d’entourer le germanisme, c’est le germanisme qui l’entoure, qui l’empêche,