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Page:Bainville Les conséquences politiques de la paix 1920.djvu/46

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CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PAIX

raisons techniques. En 1866, lorsque l’Autriche avait cédé la Vénétie, l’état-major autrichien avait fixé les nouvelles limites de l’Empire. Résultat : pendant trois ans il a suffi à l’Empire austro-hongrois de faibles forces pour briser l’élan des Italiens et, de ses crêtes, de ses cols alpestres, il a deux fois lancé ses troupes sur le chemin de la Lombardie. En 1871, l’état­-major prussien avait voulu garder Metz. Il eut gain de cause. Et c’est pourquoi, en 1914, nous n’avons même pas pu défendre Briey. Par contre, Bismarck avait passé sur l’opposition de Moltke et nous avait laissé la trouée de Belfort : nous sommes entrés dans le Sundgau dès 1914 et nous y sommes toujours restés, comme Moltke l’avait prédit.

Puisque la France demeurait en contact avec une grande Allemagne, il lui fallait au moins une frontière rationnelle, une frontière con­forme à cette politique. Nous ne l’avons pas eue. À la sécurité terrestre, naturelle, stratégique, qui ne pouvait elle-même que suppléer à l’ab­sence de sécurité politique, ont été substituées des précautions juridiques, des interdictions pour l’Allemagne d’entretenir des garnisons sur la rive gauche du Rhin et dans une zone de 50 ki­lomètres sur la rive droite. Il est clair que ces clauses, comme celles du désarmement en général, vaudront autant que les circonstances, autant que le rapport des forces entre les États. C’est toujours à l’équilibre des forces, à l’équilibre politique qu’on se trouve ramené.