on ne pouvait revenir en vertu de cet adage qu’il n’y a pas de régression.
M. Clemenceau n’était pas de l’école qui enseigne à ménager l’ennemi. Son romantisme de la guerre, après avoir si largement contribué à sauver la France, a fini par aider à sauver l’Empire allemand. Le détour paraît imprévu. Mais, comme le diable, le romantisme est logicien. Au fond, M. Clemenceau répugnait à distinguer entre les Allemands et c’est à l’Allemagne en bloc qu’il réservait sa sévérité. Un traitement « différentiel » appliqué aux Bavarois ou aux Rhénans l’eût choqué deux fois, d’abord parce que les Allemands, formant un tout à ses yeux, étaient tous également coupables ; ensuite parce qu’une distinction entre ces coupables tous égaux eût été de l’histoire ancienne et n’eût répondu à aucune réalité du temps présent : sur ce point non plus nous ne croyons pas dénaturer sa pensée.
Les idées de la génération républicaine à la quelle appartient M. Clemenceau ont eu là leur point de rencontre avec son vif patriotisme, son brûlant sentiment de la guerre et de la culpabilité des agresseurs. Mais, pour punir l’Allemagne, il eût fallu penser aussi, comme au moment où l’Autriche fut détruite, à ne pas nous punir nous-mêmes. L’entourage de M. Clemenceau s’efforçait d’ailleurs de traduire en langage positif sa théologie de l’évolution et sa doctrine de la vindicte. Non pas une fois, mais dix, pendant les négociations de paix, quelques-