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Page:Bainville Les conséquences politiques de la paix 1920.djvu/57

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CE QUI A SAUVÉ L’UNITÉ ALLEMANDE

La droite pure était beaucoup moins nombreuse dans le Reichstag de 1912 que dans celui qui est issu des élections du 6 juin 1920. Pourtant ce Reichstag de la guerre avait répondu par une manifestation indignée lorsqu’il était apparu que l’Entente exigeait, pour accorder la paix à l’Allemagne, l’abdication de Guillaume II. Bientôt l’Allemagne et les chefs militaires (qui avaient toujours eu un parfait mépris pour le souverain qu’ils rendaient responsable de mille fautes et surtout de n’avoir pas déclaré la guerre plus tôt), tout le monde arriva à la conviction que le sacrifice des Hohenzollern était nécessaire pour échapper à une catastrophe totale. Les Alliés ont-ils eu raison de poser, comme condition préalable, la chute de Guillaume II ? Un célèbre journal radical anglais, le Manchester Guardian, l’a regretté depuis. Si Guillaume II, a dit ce journal après les élections nationalistes du 6 juin, avait signé la paix de Versailles, c’est lui, et non pas les socialistes et les démocrates, que le peuple allemand eût accusé de ses maux et la réaction n’eût pas trouvé ses armes les plus perfides et les plus sûres. Ainsi, il n’est pas certain que la chute des Hohenzollern, au moment où elle s’est produite, ait été une bonne chose pour l’avenir de la démocratie en Allemagne. Mais la chute de cette dynastie détestable, et que nous avons vu disparaître avec un profond soulagement et un