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CE QUI A SAUVÉ L’UNITÉ ALLEMANDE

Ces choses étaient connues à Berlin. C’était un pont aux ânes de la politique allemande. A partir du moment où il apparut au gouverne­ment impérial que la guerre menaçait de mal tourner, son attention se fixa sur les deux périls de la révolution et du particularisme, l’un devant accompagner l’autre. Ce n’est pas par hasard que l’avant-dernier chancelier de Guil­laume II a été le comte Hertling, président du conseil en Bavière, et le dernier le prince Max de Bade, héritier du trône grand-ducal. À la veille du désastre, le souci de l’empereur alle­mand allait donc du côté de l’Allemagne du Sud, et des monarchies de l’Allemagne du Sud, comme il allait à l’Autriche et à la monarchie des Habsbourg, tant il était sûr que, si la révo­lution éclatait à Berlin seulement, l’Allemagne se déchirerait. L’œuvre de 1866 et de 1871 serait anéantie. Un renversement des Hohenzollern, tandis que les Habsbourg, les Wittelsbach eus­sent été épargnés avec les autres dynasties germaniques, aurait eu des conséquences incal­culables. La face et l’avenir de l’Europe eussent été changés.

Les préoccupations de Guillaume II étaient celles d’un empereur allemand. C’étaient celles du nationalisme allemand libéral, démocrate ou socialiste. Elles auraient dû éclairer les Alliés, guider leur politique, surtout la politique française. Il n’en fut rien. L’Entente ne voulut pas distinguer. Elle exigea des peuples allemands une révolution intégrale. Elle exigea partout la