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Page:Bainville Les conséquences politiques de la paix 1920.djvu/84

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CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PAIX

juridique internationale qui lui manquait depuis 1871. Les constituants de Weimar se sont chargés du reste. Ils ont resserré l’unité nationale. L’em­pire de Guillaume ii était, malgré tout, une fédération d’États. L’Empire républicain s’est centralisé et ne connaît que des « pays ». Cette Allemagne plus unie que celle d’hier, c’est encore par la guerre, malheureuse cette fois, qu’elle a réalisé sa fusion. Et ce nouveau déter­minisme, celui de la défaite, pèse sur elle et sur l’avenir des relations franco-allemandes exactement comme le déterminisme de sa vic­toire après 1871.

À la tribune du Palais-Bourbon, pendant la discussion du traité de paix, nous avons entendu s’exprimer la pensée de Michelet, de Napoléon III et de Jaurès. On nous a dit que l’Allemagne, délivrée de ses Hohenzollern, convertie à la démocratie et au libéralisme, pouvait et devait être encore une grande Allemagne, que son unité était nécessaire, qu’elle serait bienfai­sante, et que cette Allemagne nouvelle, purifiée, amputée, pour son bien, de tout ce qui n’était pas allemand, vivrait en fraternité avec les peuples ses voisins. C’est la pure doctrine des nationalités, au regard de laquelle la nationa­lité allemande a autant de droits que les autres et doit, avec les autres et comme les autres, former la grande fédération humaine.

Après un sommeil de cinquante années, le principe des nationalités, inscrit sur les éten­dards des Alliés a été appliqué avec toute la ri-