Aller au contenu

Page:Bainville Les conséquences politiques de la paix 1920.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
77
LES ALLEMANDS DÉBITEURS DES FRANÇAIS

rigueur dont étaient capables les réalités humaines et l’esprit théorique des principaux négociateurs. Mais, comme en 1866 et en 1870, le principe des nationalités n’a pu jouer sans subir les né­cessités et la pression de la politique, de la guerre et de l’histoire. Comme alors, il s’est résolu par des contradictions. Il a laissé des déceptions et des rancunes. Cela est vrai de quelques-uns des pays alliés. À quel point ne l’est-ce pas plus encore de l’Allemagne ! On dirait qu’un sort est jeté sur l’unité allemande pour la rendre incompatible avec la réconciliation de l’Europe.

Si l’unité allemande telle qu’elle était sortie des victoires de 1866 et de 1870 n’a pu être un gage de fraternité et de paix, l’unité allemande, telle qu’elle sort de la défaite, ne promet pas mieux. Encore une fois, les antécédents l’auront voulu. Nous admettons, pour la commodité de l’exposition, que l’Allemagne restera républicaine et qu’elle sera une démocratie selon le mode et la conception des nations occidentales. Cette Allemagne démocratique, elle a à payer aux Alliés les frais de la guerre, à réparer les dommages immenses dont elle s’est rendue res­ponsable. Pouvait-on l’en dispenser ? Non, sous peine de ruine pour les peuples victimes de son agression. À tous les points de vue, l’impu­nité eût été impossible. Elle eût été un scandale, une prime à l’immoralité politique, un encoura­gement à recommencer. Il résulte de là que