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Page:Bainville Les conséquences politiques de la paix 1920.djvu/88

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CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PAIX

construit par la Conférence, fût en sécurité, il n’aurait pas fallu que l’opération fût tentée sur une nation allemande ni sur un État allemand. Imaginons un instant que la France ait été vaincue et que, pour des raisons quelconques, le vainqueur ait jugé bon de donner à l’Espagne un couloir aboutissant à Bordeaux en nous lais­sant le département des Basses-Pyrénées et Bayonne. Combien de temps la France, restée par ailleurs une nation et un État, subirait-elle cette amputation ? Juste autant que le vainqueur l’obligerait à la subir et que l’Espagne serait capable de défendre son couloir. Il ne pourra pas en être autrement du couloir de Dantzig et de la Prusse orientale.

Il en est de même en ce qui concerne l’Au­triche. La logique du principe des nationalités eût voulu que les provinces autrichiennes de langue allemande, les provinces autrichiennes proprement dites, fissent retour à la grande Germanie. N’étaient-elles pas représentées en 1848 au Parlement de Francfort ? La réunion n’était-elle pas inscrite au plus ancien pro­gramme du libéralisme allemand ? L’évolution particulière de l’Autriche, hors des cadres de l’Empire restauré en 1871, avait tenu à une question dynastique. La maison de Habsbourg étant tombée comme celle de Hohenzollern, l’Allemagne étant devenue une nationalité libre, la réunion, l’Anschluss ne trouvait plus d’obsta­cles politiques et s’imposait aux esprits. Cependant les Alliés ne pouvaient ni ne devaient y