Page:Baissac - Le Folk-lore de l’Île-Maurice, 1888.djvu/16

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tration en a, ce nous semble, été faite, non sans doute avec cette rigueur scientifique qui fait du problème de la veille une des vérités du lendemain ; mais combien de questions d’un bien autre intérêt pour l’humanité, doivent ainsi se contenter modestement d’une solution par à peu près ?

Notre passé, à nous autres, Mauriciens, ne remonte pas aux premiers âges du monde, il ne se perd pas dans la nuit des temps ; et peut-être n’étonnerons-nous personne, pas même en France, « dans ce pays où l’on sait si mal la géographie », en affirmant qu’il y a moins de deux cents ans, l’île Maurice n’avait pas un seul conte populaire, pour la raison suffisante qu’il n’y avait pas à Maurice une seule bonne femme pour le raconter, pas un seul enfant pour l’écouter : notre île était déserte.

Après nos découvreurs, les Portugais, qui ne prirent pas pied sur notre sol, les Hollandais vinrent, avec ou sans contes. Mais ils s’en allèrent comme ils étaient venus ; et voilà notre pays une fois de plus sans littérature populaire.

Enfin, en 1715, Bourbon, l’île-sœur, nous envoie nos premiers colons français. Ils débarquent, ils ouvrent leurs malles et mettent à terre les contes qui s’y étaient glissés entre leurs chemises de grosse toile écrue et leurs vêtements de conjon bleu : contes de la Basse-Bretagne, contes du pays gallot, contes normands, lorrains, provençaux ; mais contes français,