Page:Baissac - Le Folk-lore de l’Île-Maurice, 1888.djvu/256

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Quand elle le voit monter, la vieille a peur et croit qu’il vient la tuer. Le voleur l’aperçoit et lui demande ce qu’elle fait là. La bonne femme répond et la conversation s’engage. « Mais, lui dit la bonne femme, vous avez la langue trop longue, donc ! vous parlez trop fort ! — Mais non ! répond le voleur ; je n’ai pas la langue trop longue. Ma langue n’est pas plus longue que la vôtre ! — Eh bien, mesurons pour voir ! dit la bonne femme. » Et les voilà qui mettent leurs langues l’une contre l’autre pour mesurer. D’un coup de dents, la vieille coupe la langue du voleur. Le voleur dans sa souffrance lâche la branche, dégringole et tombe sur un paquet de hardes auprès de ses compagnons. Ils lui crient : « Mais qu’as-tu donc ? mais qu’as-tu donc ? Parle ! » Impossible. Il ne peut que lever la main en montrant le haut de l’arbre : « Houhah ! houhahouah ! » La frayeur les prend, et les voilà qui se sauvent à toutes jambes laissant là les nippes, les paquets et tout ce qu’ils ont pris.

Quand ils sont loin, la bonne femme descend, reprend toutes ses affaires et retourne dans sa case en riant. [1]


  1. C’est le plus court de nos contes, et ce n’est pas le moins bête. Lindor dut être quelque peu fier le jour où il inventa ces