Page:Baissac - Le Folk-lore de l’Île-Maurice, 1888.djvu/60

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La baleine attache la corde autour de sa queue, et attend.

Le lièvre porte l’autre bout de la corde à l’éléphant et lui dit : « Attache bien serré. Tout à l’heure je te crierai que je suis prêt, alors chacun de nous tirera de son côté. »

L’éléphant attache la corde autour de ses reins et attend.

Le lièvre va se blottir dans les broussailles. Il crie soudain : « J’y suis, tirez ! » La baleine tire de son côté, l’éléphant tire du sien. La corde se raidit comme une corde de boyau sur un violon. Ils y mettent tout ce qu’ils ont de force ; aucun des deux ne peut ébranler l’autre, ils tirent ! ils tirent ! Plack !  !  ! la corde casse. L’éléphant manque des quatre pieds et roule ; la baleine va donner dans le corail et se blesse. Le lièvre arrive à l’éléphant : « Aïo, mon camarade ! tu as eu du mal, peut-être ! Mais pourquoi aussi vouloir jouer avec plus fort que toi ! » L’éléphant ne trouve pas un mot à répondre. Le lièvre arrive à la baleine au bord de la mer, il voit l’eau rougie par le sang de la baleine, et lui crie : « Je regrette que vous soyez blessée ; vous vous êtes fait du mal, et j’en ai du chagrin, mais pourquoi aussi vous enorgueillir de ce que vous êtes grosse comme un navire ! c’est bête, l’orgueil ! » La baleine reste muette, qu’aurait-elle répondu ?