Page:Baju - L’Anarchie littéraire, 1892.djvu/9

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

connaissances, leur talent était une force qui, utilisée dans le sens de la destruction, eût miné dans sa base l’édifice social. Les uns auraient attaqué la propriété, la religion, la famille ; les autres auraient ridiculisé le mariage et préconisé l’union libre ; d’autres eussent vanté les bienfaits du cosmopolitisme et de l’association universelle. Chacun, selon son tempérament, par le livre, sur la scène ou avec le journal, eût concouru à former dans le domaine de l’éducation, cette synthèse d’action révolutionnaire sans laquelle on ne peut réaliser que de rares progrès partiels. »


J’en fus tout simplement pour mes frais d’imagination. La plupart de mes collaborateurs, réactionnaires avérés, consentaient bien à malmener quelques préjugés bourgeois, mais pour rien au monde ils n’eussent voulu les détruire. Ils jetaient naïvement l’anathème à la science et croyant l’art incompatible avec le socialisme, ils furent réfractaires. Par contre, si je n’avais pu réussir dans ma tentative, j’avais fait naître une cause de divisions. L’École se partagea presque aussitôt en deux parties adverses : les Décadents et les Symbolistes.


Les Décadents


Presque tous les critiques littéraires ont constamment confondu les Décadents avec les Symbolistes. Ils ont même fait synonymes ces deux appellations dont l’une exprime tout juste le contraire de