Page:Baju - Principes du socialisme, 1895.djvu/14

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ou d’adresse que les autres ? Point de tout. Dans la généralité des cas, ce sont, au contraire, les plus forts et les plus adroits qui gagnent le moins. Le terrassier, qui fait le travail le plus pénible, le mineur, qui court les plus grands dangers, le petit employé, qui a le plus d’instruction, sont les plus malheureux de tous les travailleurs. La seule cause de l’inégalité des salaires, c’est que plusieurs catégories d’individus veulent vivre du travail d’autrui. Il n’y a en a point d’autre : s’il y avait égalité, il n’y aurait pas d’exploitation possible.

Comme nous travaillons tous pour l’association et qu’il n’est pas possible que nous fassions le même métier, tous les travaux ont une valeur équivalente : Nous produisons autant les uns que les autres, le médecin comme le maçon, le tailleur comme le chimiste. Nous devons donc recevoir un salaire égal et correspondant à la somme de travail fournie individuellement. Dès que l’un d’entre nous émet la prétention de consommer plus qu’il ne produit, il y a évidemment déséquilibre : il faut que les autres travaillent pour lui.

Représentons par 5 fr. la production quotidienne d’un homme. Si l’on paye un fonctionnaire 20 fr., c’est une quantité de marchandises équivalente à 15 fr. qu’il peut consommer sans la produire. Naturellement, il faut que les autres travailleurs pourvoient à cette production, et comme pour diverses raisons ils ne peuvent produire davantage (1), on prélève ces 15 fr. sur leurs salaires sous forme d’impôts. Quinze d’entre eux ne dépensent plus que 4 fr. et se privent ainsi du nécessaire pour procurer le superflu à un privilégié. De