Page:Baju - Principes du socialisme, 1895.djvu/15

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même l’industriel et le commerçant, en réalisant des bénéfices quotidiens de 30, 40, 100 fr. ou davantage, déprécient dans de notables proportions le salaire de l’ouvrier, l’un par l’emploi de la machine à son profit, l’autre par l’accaparement des marchandises. Cette constatation nous conduit à la définition suivante :

Celui qui consomme plus qu’il ne produit est un bourgeois.

Mais, dira-t-on, l’inégalité des salaires est voulue par les ouvriers eux-mêmes. Et certainement ils la veulent, comme autrefois ils voulaient des seigneurs, des prêtres et des rois ; comme aujourd’hui ils veulent la guerre contre des hommes qu’ils ne connaissent pas, qu’ils n’ont jamais vus ; comme demain ils voudraient toutes les calamités qu’il plairait à leurs journaux de demander. Il y a des contradictions plus significatives encore : des socialistes même, rétribués à raison de 0 fr. 80 l’heure, s’indignent de ce qu’un ministre touche 25 fr. pour le même temps, mais ils trouvent parfaitement légitime qu’un savetier et un balayeur soient payés 0 fr. 40 ou 0 fr. 60 centimes ! Cela ne prouve qu’une chose, c’est que l’éducation sociale n’est pas encore faite.

En résumé, nul ne pouvant subsister que par l’association et tous les concours ayant la même utilité, il n’y a ni travaux nobles ni travaux vils, par suite plus de hiérarchie dans les salaires. Tous les travailleurs doivent recevoir le même prix pour la même unité de temps. Pas de distinction entre le maçon et l’architecte : ils sont aussi indispensables l’un que l’autre à la construction d’un bâtiment. S’il y a des occupations plus ou moins