Page:Baju - Principes du socialisme, 1895.djvu/24

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

VIII. — Tactique.


La société dont nous venons d’indiquer les grandes lignes ne peut être, provisoirement du moins, qu’un idéal ; mais il importait de la définir exactement pour qu’on sût ce que nous voulons. Voilà le but que nous devons atteindre. Car il y a deux choses à considérer dans le socialisme : le présent et le futur ; le provisoire et le définitif. Ceux qui inscrivent aujourd’hui dans leurs programmes l’abolition de la propriété individuelle, la suppression du patronat, etc., risquent fort de n’être pas compris même par les intéressés. Ces réformes sont subordonnées à une évolution morale non encore accomplie. Il suffit de réclamer celles qui sont immédiatement réalisables, simple atténuation du mal, il est vrai, mais qui sont la préparation obligatoire d’une transformation radicale.

Par la force même des choses, le Socialisme prend de nos jours une extension considérable, tout le monde est tenté de se dire socialiste : les uns parce qu’ils souffrent, les autres parce que c’est la mode, les bourgeois pour l’exploiter. Sous peine de voir notre parti dévier de son but, il importe de n’y admettre que des hommes conscients et résolus. Il ne faut pas que, sous prétexte de réformes ou de philanthropie, les premiers venus puissent se dire des nôtres. Sont socialistes ceux qui luttent pour la constitution de la propriété collective, l’égalité des salaires, l’entente ou la fusion des nationalités. L’acceptation sans réserve de ces trois points est la marque à laquelle on les reconnaît : les