Page:Baju - Principes du socialisme, 1895.djvu/26

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tous ceux qui ne sont pas socialistes ; il peut cependant ménager les hommes à tendances progressistes, au besoin les préférer aux autres conservateurs, sans pour cela faire d’alliance avec eux. Mais il est un parti avec lequel il ne peut avoir rien de commun, dont il doit se défier comme de la peste : c’est le socialisme ( ?) chrétien ou charitaire. Dix-huit siècles de barbarie ont prouvé qu’il n’y a rien à attendre du christianisme ; à quoi bon en pousser l’expérience plus loin ? D’ailleurs, ce socialisme est le contre-pied du nôtre : nous voulons le droit à l’existence, non à la pitié des riches.

Quant aux réformes dont parlent les politiciens en quête de mandat, bien qu’elles soient le plus souvent illusoires, le socialiste doit s’occuper de celles qui sont un acheminement vers son idéal. Mais il en est une qu’il doit préconiser avec ardeur, sans trêve ni merci jusqu’à ce qu’il l’ait obtenue : c’est l’Instruction intégrale, parce que sans elle le socialisme est une utopie.

Qu’il évite de pousser à la Révolution violente ; ce serait non seulement inutile, mais nuisible au développement de son parti. Le peuple a une éducation trop individualiste pour accepter à cette heure le régime socialiste. Une épreuve de ce genre serait le signal de nouvelles Vendées et n’aboutirait qu’à un avortement. C’est par la Révolution mentale qu’il faut commencer ; quand celle-ci sera faite, l’autre sera bien près de l’être.

Si pourtant des événements que nous ne prévoyons pas : guerre étrangère, banqueroute d’État, grève générale, venaient à déterminer une insurrection, nous devrions sans hésiter intervenir au nom de l’ordre et nous emparer du pouvoir. Mais,