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c’est elle qui engendre l’individualisme, c’est-à-dire l’absorption par quelques individus de tout le reste de l’humanité. Que nos jeunes socialistes se pénètrent bien de cette idée, qu’elle est la négation de l’égalité sociale.


X. — La propriété (1).


L’idée de propriété est encore une de ces manifestations dangereuses de l’individualisme ou de la liberté qu’il faut détruire à tout prix. D’après l’étymologie proprius, ce mot semblerait indiquer quelque chose qui nous est propre, que nous avons créé, qui nous appartient. Or, pouvons-nous créer une chose qui n’existe pas ? Nous ne pouvons que transformer des matériaux qui sont dans la nature et qui par conséquent n’appartiennent à personne. L’appropriation par le travail est-elle plus légitime ? Un homme seul peut-il construire une maison, une usine, etc ? Et quand il le pourrait, est-ce lui qui a créé les pierres dont elle est faite, les chemins par où il les a passées, les outils dont il s’est servi ? Évidemment non, toute œuvre, toute construction appartient à la Société, parce qu’elle suppose la collaboration présente et antérieure de la collectivité. Même la science que possède un individu ne saurait être sa propriété : c’est le résultat des efforts collectifs de cinquante générations, c’est le patrimoine de l’humanité. Ai-je créé de toutes pièces le livre que j’écris ? L’idée que j’exprime est-elle exclusivement mienne ? Je ne suis moi-même qu’un reflet de la pensée des savants que j’ai lus, une émanation du