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Page:Baju - Principes du socialisme, 1895.djvu/42

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le faire ; elle n’a qu’à le vouloir. Elle est donc doublement coupable, parce que pouvant faire le Bien elle fait le Mal.

Ce qu’il y a de particulièrement odieux, c’est qu’ayant conscience de son infamie, elle cherche à l’atténuer par d’hypocrites lamentations sur le sort des malheureux. « Je voudrais bien venir en aide aux ouvriers, dit-elle, mais ils sont tellement ivrognes, tellement ignorants, tellement paresseux, qu’ils ne sauraient profiter de mes bienfaits. » Certes, le peuple pris dans son ensemble est mauvais ; mais, avec l’éducation qu’il reçoit, il ne peut être que ce qu’il est. S’il était bon, ce serait une anomalie : il est ce qu’on l’a fait. Qu’on lui donne l’Instruction intégrale et les moyens d’existence, il deviendra meilleur.

Cela la Bourgeoisie le sait bien, mais elle ne veut pas améliorer la condition misérable des travailleurs ; au contraire, elle s’oppose à tout ce qu’ils essayent de faire par eux-mêmes dans le but de s’élever. Chaque fois que, poussés par l’instinct du bien-être et obéissant à la loi supérieure du progrès, ils ont voulu sortir de leur abjection, elle les a massacrés impitoyablement : Juin 1848, Mai 1871, Fourmies 1891.

Jeunes gens, c’est contre cette caste maudite que nous vous convions à lutter. Sans doute la tâche est ingrate et périlleuse, mais elle est grande et digne des hommes de cœur. Attendez-vous à être bafoués par ceux même dont vous défendrez les intérêts, par les ignorants que la Bourgeoisie ameutera contre vous. Une haute récompense vous payera de ces amertumes : c’est la satisfaction du devoir accompli.