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Page:Baju - Principes du socialisme, 1895.djvu/46

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hérédités ou des tempéraments, les uns comprendront mieux et se développeront plus vite, mais les autres arriveront au même but ; ils mettront un peu plus de temps, voilà tout.

C’est, d’ailleurs, ce qui se produit régulièrement dans toutes les écoles. Sur une classe de cinquante élèves, il y en a vingt-cinq qui devancent leurs camarades et qui pourront subir avec succès leur examen de fin d’année. Mais, conservez les vingt-cinq retardataires un an, deux ans de plus s’il le faut, ils se présenteront au même examen avec le même succès. Il n’y a là qu’une question de temps.

L’intelligence est avant tout une fonction de cerveau ; elle dépend du jeu régulier des organes, des connaissances, du milieu et même de la nourriture que l’on prend. Dans une société individualiste comme la nôtre, où chacun dresse et instruit ses enfants à sa guise, il est assez naturel qu’elle soit dévolue très inégalement entre les hommes ; mais dans une société collectiviste où tous les enfants, nourris et vêtus de la même manière, seront élevés selon les principes d’une éducation méthodique et complète, l’actuelle différence de nos facultés intellectuelles ne devra pas, ne pourra pas se produire.

À part quelques individus, tels que les idiots — un sur cent à peine — victimes d’accidents physiologiques, nous soutenons que tous les hommes peuvent devenir à peu près également intelligents. Cette affirmation, nous l’avons corroborée par des expériences.


(1) Chap. IX

On objecte que, si nous n’étions pas libres, nous n’aurions pas ces machines merveilleuses qui transforment le monde, ni ces œuvres d’art qui font l’admiration des siècles ; qu’enfin, il nous serait impossible de réaliser, même d’espérer l’état de bien-être général que le Socialisme promet. Eh bien, c’est précisément parce que nous ne sommes pas libres, que toutes ces choses se produisent. Si nous étions libres, elles pourraient ne pas se produire. Mais nous tendons au bonheur, aussi irrésistiblement que la pierre tend au centre de la terre : voilà pourquoi s’effectuent les progrès qui constituent ce bonheur, et pourquoi le Socialisme, qui est pour nous le dernier terme du Bien, se produit d’une manière aussi fatale que la chute des corps.