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Page:Baju - Principes du socialisme, 1895.djvu/47

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(2) Chap. IX

L’homme ne peut être libre qu’à l’état de nature. Du jour où il s’associe, il aliène sa liberté individuelle ou plutôt il la subordonne aux intérêts de la collectivité, et il ne peut jouir que des libertés permises par l’association.

Société et liberté individuelle s’excluent. Une société commerciale, financière ou autre, serait-elle possible si chacun de ses membres était libre de disposer à sa guise de son travail ou de ses capitaux ? Il en est ainsi des sociétés humaines : si personne n’y connaît de règle que son caprice, c’est l’anarchie la plus complète.

Cependant, dans la société collectiviste de demain, l’homme sera plus libre qu’il ne l’est actuellement ; en dehors de ses heures de travail, il pourra faire tout ce qu’il voudra. Aujourd’hui il n’y a que les bourgeois qui aient quelque liberté. Les travailleurs sont enchaînés à l’usine, du matin au soir, et ceux qui ne travaillent pas sont rivés au sol parce qu’ils n’ont pas d’argent.


(1) Chap. X

La Bourgeoisie a coutume de présenter les socialistes comme des ennemis de la propriété individuelle. Fuyez ces révolutionnaires, dit-elle aux paysans et aux ignorants, ils veulent vous prendre votre champ et votre maison. La vérité, c’est que notre idéal est dans la mise en commun de toutes les richesses sociales. Mais en l’état actuel nous n’avons pas à être pour ou contre la propriété, pas plus que nous ne sommes pour ou contre la chute d’un corps lancé dans l’espace. L’expropriation est un phénomène économique dû au progrès de la grande industrie ; elle s’effectue tous les jours, qu’on le veuille ou qu’on ne le veuille pas.

Il est évident comme deux et deux font quatre qu’un objet de petite fabrication revient plus cher qu’un objet de fabrication plus abondante, qu’un outillage rudimentaire ne peut lutter contre un outillage perfectionné, que la culture parcellaire est anéantie par les pays de grande culture, qu’en un mot les petits capitaux sont ruinés par les grands. En vertu de ce principe, tous les petits commerçants, les petits propriétaires, les petits industriels seront fatalement absorbés par les gros capitalistes. Ce n’est là qu’une