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Introduction

l’histoire » m’est parfaitement indifférent et je ne le fais remarquer que pour exciter les parieurs. L’Éducation nationale n’aura qu’un temps. Ça sent déjà la fin. J’avais vraiment éclaté de rire en voyant cette campagne de pub de mai-juin 1981 dont les affiches à la mine de faire-part au liseré gris valaient leur pesant de cervelle ! On avait eu droit à une série de six visages (masculins, bien sûr), deux à chaque parution ; il y avait d’un côté le cravaté qui était l’intello, de l’autre le col roulé ou même pas col roulé qui représentait le pauvre mec qu’avait pas fait d’études. Le premier disait : « Sans bac, on ne peut rien faire » et l’autre en face : « Le bac de nos jours cela ne sert plus à rien » ; ou bien « On se demande vraiment ce qu’on leur apprend à l’école » face à : « Avec les nouveaux programmes, j’ai du mal à suivre les progrès de l’aîné » ; ou encore : « On leur enseigne l’économie alors qu’ils ne connaissent rien à l’histoire » et le pas doué rouspétait : « Ce n’est pas en apprenant des dates par cœur que les enfants seront armés pour la vie ». On apprécie les variations sur thèmes. Au bas de ces placards, sous la signature du ministère de l’Éducation, on pouvait lire ce texte incroyable : « Attention ! Méfions-nous des jugements à l’emporte-pièce. Nos opinions d’adultes sur l’école sont souvent pertinentes.

« Mais, exposées sans prudence, elles troublent nos enfants. Ils ont parfois le sentiment que nous leur demandons d’adhérer à une institution que nous dénigrons par ailleurs. Leur école ne doit pas être le terrain de nos conflits. Le moyen d’éviter ce risque existe. Les enfants acceptent de s’intégrer à l’école quand il y a dialogue entre enseignants et parents. Les enseignants sont des professionnels. Ils exercent leur compétence et assument leurs responsabilités.

« Les parents facilitent le déroulement harmonieux de la scolarité en témoignant, à titre individuel comme dans le cadre d’une association dans les conseils de classe, d’école et d’établissement, de leur intérêt pour la vie scolaire.

« Parents et enseignants doivent prendre l’habitude de se rencontrer. »

Combien d’années a devant elle une Éducation nationale qui en est réduite à se payer des pages de publicité dans la presse pour tenter niaisement de contrecarrer la vox populi qui lui retire ses faveurs ?

« La raison du plus fort est souvent ébranlée[1]…»

  1. Tiré de Commune Mesure n°6, proverbes d’enfants recueillis par Jean-Hugues Molineau dans une classe de cinquième.