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Insoumission à l’école obligatoire

l’école que représentait cette prise en charge communautaire des enfants. Ils ne furent pas très aidés, reconnaissons-le, par les premiers d’entre nous qui s’étaient jetés dans l’aventure et se moquaient absolument de ce qu’on dirait d’eux dans les médias. Qu’on ne s’étonne pas alors de voir telle association, l’école J..., possédant ordinateur et magnétoscope, réclamant vingt mille francs par an et plus pour la scolarité de chaque élève, s’appeler elle-même « école parallèle » sous prétexte qu’elle n’a pu se faire reconnaître par l’État.

Dans un autre livre, je raconterai ce que j’ai vu au cours d’une enquête menée auprès des enfants qu’on a volontairement protégés de l’École, mais ce n’est pas une révélation que d’annoncer dès ici combien ce rejet est, en France, minoritaire. Il implique un choix global de refus des rapports institutionnalisés et tu te doutes bien que cela provoque d’autres remises en question, comme celles de la famille ou du salariat.

Ceux qui se bornent à critiquer l’enseignement « tel qu’il est » et craignent d’aller plus loin réamorcent un processus de scolarisation et font de leurs écoles parallèles les « écoles nouvelles » de demain.

D’autres que moi s’intéressent à ce qu’on pourrait croire des tentatives de contestation de l’école et qui ne sont, pour l’Éducation nationale, que la nécessaire expérimentation (peu coûteuse) de méthodes et disciplines modernes bientôt à même de remplacer des études si ridicules que plus un enseignant n’ose les défendre aujourd’hui. La corporation cependant fait comme si de rien n’était et, en mai 82, on se chamaillait au sujet du laïc et du privé. Captivant, n’est-ce pas ?

Tu n’en as rien à foutre et moi non plus. Mais il vaut mieux le dire à intelligible voix car, à tous les coups, quand nous parlerons d’une alternative à l’enseignement, eux vont encore nous remettre la question du privé sur le tapis.

Ne voient-ils donc pas qu’il va se passer pour l’École ce qui s’est passé pour l’Église ? En quelques courtes années, la cathédrale s’est effondrée comme un château de cartes. Certes, il reste des catacombes et je ne nie pas la fidélité de quelques croyants isolés, mais on ne peut même plus imaginer quelle emprise la religion chrétienne exerçait sur la société française il y a à peine vingt ans.

Tout le monde pense aujourd’hui que, hors de l’École, il n’est pas de salut. On te plaint, ma pauvre enfant, on te voit au ban de notre civilisation. Dans quelques années, personne ne remarquera même que tu auras pris quelques longueurs d’avance. À dire vrai, nous savoir « dans le sens de