Page:Baker - Insoumission à l'école obligatoire, 2006.djvu/81

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si le rigorisme est moins sombre dans certaines écoles qu’il ne le fut, les relations sont de plus en plus tendues et pas seulement entre élèves et professeurs.

Être « parent d’élève » est très différent d’être parent tout court et les rapports avec les enseignants sont nettement conflictuels. Maîtres et maîtresses en prennent pour leur grade, ils et elles surtout ont gardé aux yeux de la bourgeoisie que singe de nos jours n’importe qui un petit côté « domestique ». Et de se plaindre qu’on ne les respecte pas. Quand je vois la rédaction de Laurence avec un gros trait rouge sur « pécuniaire » et la correction « pécunier » dans la marge, je me dis qu’il n’y a pas de honte à ignorer l’orthographe (j’ai vu pire chez des professeurs et des journalistes) mais qu’il est quelque peu déplacé de jouer avec le stylo rouge. Reconnaissons que ce genre… d’étourderie ne favorise pas le prestige du métier.

Les enseignants du secondaire sont un peu mieux considérés et ils auraient tendance à marquer autant que possible les distances. Ils détestent d’ailleurs carrément les parents qui sont devenus l’ennemi numéro un. Ceux qui voudraient « faire autrement » se heurtent automatiquement aux parents qui ne veulent qu’une chose : que leur gosse « réussisse ». Réussir, on leur a appris ça à l’école, c’est avoir de bonnes notes et pour avoir de bonnes notes, il faut bûcher. Inutile de chercher midi à quatorze heures. Les enseignants s’arrachent les cheveux et tentent sans succès de faire admettre aux parents que l’école a changé : « Ah oui ! Parlons-en ! À quinze ans, Amélie ne connaît pas la différence entre “on” et “ont” ! De mon temps… » Le professeur se retourne contre l’instituteur qui en veut à la télévision qui organise des débats débiles sur le privé et le public.

Tout le monde se lamente. Pendant ce temps-là, toi et moi, on va au cinéma.