Page:Baker - Pourquoi faudrait-il punir, 2004.djvu/106

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ont été débordés dès leur ouverture. Ils fonctionnent selon le principe de la liberté de consultation. Le détenu qui demande à être soigné le fait volontairement (même si, de son point de vue, il ne se prête qu’à un procédé susceptible de lui donner le droit d’espérer une liberté conditionnelle). Il n’existe donc pas de contraintes de soins comme dans l’univers psychiatrique. Mais on va y remédier ! Le Dr Evry Archer avait plusieurs fois mis en garde contre une « solution » que l’on préconisait de plus en plus souvent chez ses confrères[1] : elle a été adoptée par la loi Perben (art. 48) qui permet désormais l’hospitalisation avec ou sans consentement des détenus atteints de troubles mentaux ou psychiques. Sont donc en voie d’être créées, au sein des hôpitaux psychiatriques, des unités spécifiques pour des détenus, lesquels seront hospitalisés d’office par la préfecture, ce qui permet de contourner les dispositions européennes qui, tirant les leçons de ce qui s’était passé contre les dissidents en URSS, interdisent le soin forcé en prison. Dans ces quartiers pénitentiaires situés dans l’enceinte des hôpitaux, des surveillants de l’administration pénitentiaire pourraient prêter main forte aux infirmiers pour « soigner » sans le consentement des patients. Les aliénistes du XIXe siècle doivent se retourner dans leur tombe.

Malades, handicapés, enfants, fous, prisonniers, tous les plus faibles se font écrabouiller du talon. Au nom des Droits-de-l’Homme, les gagneurs ont gagné, un magnifique sourire carnassier aux lèvres. De nouvelles perspectives s’ouvrent devant nous.

  1. On a vu plus haut que d’ores et déjà il arrive qu’après une longue peine, par exemple de vingt ans, un homme qui se croit libéré soit cueilli à la porte par des infirmiers et des gendarmes qui l’enferment en hôpital psychiatrique pour une hospitalisation « sous contrainte ».